jeudi 9 avril 2015

Homélie de Pâques 2015

Homélie de Pâques 2015
  à partir de l'évangile de S.Jean 20, 1-10 ,  par Raymond, votre Curé

Quand en ce vendredi de ténèbres, Marie-Madeleine et Jean avaient assisté ensemble, impuissants, à la mort atroce de Jésus sur la croix des maudits, ridiculisé par les responsables religieux du Peuple de Dieu,
Trahi, abandonné par les siens et apparemment par Dieu lui-même,
c'était la fin douloureuse de leur ami le plus cher,
mais aussi la retombée définitive de ce grand souffle d'espérance qui les avait entraînés à le suivre.
Le Mal de l'humanité, la mort inconsolable...tout serait comme avant:
le Royaume de l'Amour qu'il annonçait n'était donc qu'une utopie !

Sans même pouvoir achever les rites funéraires, on avait dû déposer leur bien-aimé dans un tombeau proche.

Tôt, dès la fin du grand sabbat de la Pâque juive,
Marie-Madeleine (Jean focalise l'attention sur elle) avec quelques femmes se rend donc au tombeau : elles veulent finaliser, comme il se doit, l'embaumement du cadavre de Jésus, et faire leur deuil en quelque sorte ; leur seule préoccupation : « Qui roulera la lourde meule de pierre qui scelle le sépulcre ? »
« Il fait encore sombre », dans leur cœur aussi.

Or, stupeur : « le tombeau est ouvert !» C'est qu' « on a emporté le corps de Jésus ! » Même cela leur est enlevé.
Pas la moindre idée d'une quelconque résurrection !
Elles sont tétanisées ; seule « Marie-Madeleine court alerter Simon-Pierre et le disciple bien aimé ». 
«Qu'a-t-il bien pu se passer, qui aurait osé ? » : « et ils courent eux aussi  vers le sépulcre. »

Et ici, Jean raconte son expérience sur le vif :
Plus jeune, porté sans doute par son amitié pour Jésus, «il court plus vite eil arrive le premier » ; un coup d'oeil dans le tombeau : vide ! Sauf le linceul...
Simon-Pierre, tout essoufflé, arrive à son tour. C'est le responsable du groupe des disciples : Jean « le laisse entrer le premier » : c'est à lui de faire le constat ! « Le linceul est resté là à plat sur la banquette funéraire, et le linge qui recouvrait le visage est roulé à sa place... »
Rien de hâtif donc : voilà exclue l'hypothèse d'un rapt du corps ! D'ailleurs, on aurait enlevé le cadavre dans son linceul !
Pierre ne voit pas plus loin : traumatisé par la mort brutale de Jésus et sans doute, par sa propre défection  ;
la perspective d'une 'résurrection' ne l'effleure même pas.

Jean – le disciple de cœur- (que nous sommes appelés à devenir) « entre à son tour dans le sépulcre ; il voit ce qu'a constaté son aîné, et pour lui, les signes parlent : « il vit, et il crut ».
Bien sûr, de soi le tombeau vide (un fait que même les adversaires ne contre diront pas) et  les autres indices ne suffisent pas à conclure à une improbable résurrection...
Mais l'amour a de ces yeux ... et il a de la mémoire.
Ainsi l'affinité de l'amour avec ceux qui nous ont quittés, à partir d'une rencontre, d'une photo, d'un souvenir -insignifiant pour d'autre- nous laisse deviner quelque secret de leur personnalité...
Pour Jean, certaines annonces des prophètes concernant le Messie, et celles de Jésus lui-même à propos d'un surgissement de sa mort, remontent à la conscience. Et aussi tout un vécu de paroles fortes, de signes de relèvement (le jeune homme de Naïm, la fille de Jaïre, Lazare...) ; la manière qu'avait Jésus de prier, de parler de Dieu comme son 'Abba bien-aimé' comme il osait l'appeler ; ses silences aussi et la dignité de sa mort jusqu'au pardon de ses bourreaux, tout cela prenait un sens nouveau. « Il vit, et il crut !»

Pour Marie-Madeleine, trop enfermée dans son deuil, comme pour Pierre et les autres disciples, comme Thomas, il sera plus difficile d'accepter l'impensable (heureusement pour nous en quelque sorte!).
Il faudra que la Présence du Ressuscité soit assez réelle, incontestable, plus forte que le fait de la mort absurde de la croix, pour qu'il ne leur soit plus possible de s'opposer à cette réalité si nouvelle : Jésus a traversé la mort !
C'est bien lui qui se révèle à eux, mais autrement : il est passé avec son humanité  dans la pleine Vie de Dieu, dans une nouvelle manière d'exister, d'être homme ! Et c'est de là, de cet au-delà qu'il se manifeste à eux !
Ils le comprendront peu à peu : plus rien décidément ne sera comme avant !Ce qui s'est passé en Jésus-si solidaire de nous- c'est comme une mutation qualitative, une « création nouvelle » : une nouvelle possibilité d'être homme ou femme dans notre communion à Dieu, à lui, le Seigneur Jésus. L'aventure humaine ne va pas à son impasse, elle n'est pas absurde ! Et la nôtre, non plus !

Saint Paul nous le rappelle dans l'épître qu'il adresse aux chrétiens de Rome :
depuis notre baptême et moyennant notre foi (cette confiance du cœur), nous sommes déjà chacun, chacune, en communion de v
ie avec Jésus en son 'passage' par la mort vers la pleine Vie de Dieu : «  nous vivrons avec lui » vous et moi, et dès à présent, nous sommes avec lui « Vivants pour Dieu ». Et c'est aussi« pour que nous menions une vie nouvelle ! »
Bien sûr ! Des épreuves parfois lourdes pèsent sur notre existence, mais dans la lumière du Ressuscité, elles peuvent-si nous le voulons- prendre sens. Et même si les temps sont difficiles, nous sommes appelés à poser sur le monde, sur notre vie et sur celle des autres, un regard d'espérance : au-delà de nos découragements, de nos fatalismes, de notre péché, nous pouvons inventer des chemins vers plus d'amour, de confiance ; vers des relations nouvelles avec ceux-là même qui nous font peur, que nous considérons comme 'étrangers'.
Car il ne suffit pas de donner au Ressuscité une foi platonique, résignée ; il nous appelle à témoigner de lui, d’abord par notre amour vécu et notre joie d''être des « vivants-avec-lui », des sœurs et des frères avec lui et entre nous.
Seigneur Jésus, que ton Esprit nous mette au diapason de ce que nous célébrons aujourd'hui : qu'il fasse de nous des chrétiens de Pâques !                                                                                                                                          Votre curé, Raymond


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