Homélie de la Dédicace 2017
(textes du 27 ème dimanche A) par l'abbé Raymond Thysman, Curé de N-D E
Agrippée à notre église, à gauche de l'entrée, voici déjà quelques années,
nous avons planté une vigne : 'un plant de qualité' !
Nous l'avons arrosée, élaguée avec soin, enlevé les excroissances
pour qu'elle porte de belles grappes...ouais !
– déja les passants y ont grapillé des fruits peu mûrs,
– et au moment de la vendange, plus rien ! : un parasite ?
que des raisins rabougris ou éclatés !
Mais rassurez-vous : ce n'est pas -tout à fait- une parabole de notre communauté !
Agrippée au Seigneur Jésus 'la pierre angulaire choisie par Dieu',
nourrie de la sève , de la Vie du St Esprit,
en 14 ans, notre paroisse a donné de beaux fruits :
'un amour qui s'engage' dans la convivialité et la solidarité,
'une foi active' -selon les mots de S.Paulet
avec Marie, Notrre-Dame, la joie de l'espérance.
Et aujourd'hui, -même si tout n'est pas au topnous
pouvons d'abord rendre grâces, jubiler, dans cette Eucharistie de fête...,
mais nous pouvons aussi, chacun, chacune, nous interroger :
rendons-nous bien à Dieu tout le fruit qu'Il attend de nous ?
Depuis les prophètes, la Vigne faisait partie des symboles qui rappelaient à Israël
sa mission dans le grand Projet d'amour de Dieu pour l'humanité,
souvent pour l'inviter à se convertir (comme dans la 1ère Lecture tirée du Livre d'Isaïe).
Une vigne était même gravée au frontispice du Temple de Jérusalem !
Jésus développe ce thème traditionnel à sa manière :
il en fait un allégorie de l'histoire des Alliances et des rebellions du Peuple choisi ; vers la fin de sa mission, il l'adresse explicitement aux grands prêtres du Temple et aux scribes intégristes de la Loi ; il sait bien qu'ils ont déjà comploté sa mort.
Et c'est comme un dernier appel à se convertir,
à reconnaître l'Envoyé de Dieu : le Fils !
Leurs ancêtres, avant et après l'exil, ont maltraité, parfois massacré, les serviteurs mandatés par le Maître de la vigne, les prophètes.
Cette fois, Dieu a pris le risque inouï de leur offrir une dernière chance ; il leur envoie cet Autre Lui-même ; le Fils bien-aimé :
'Dieu a tant aimé le monde -écrira S.Jean- qu'Il nous a envoyé son Propre Fils :
Pour quoi ? Pour que par lui, le monde soit sauvé, sauvé du péché, du non-sens...
Pour que tous aient par lui la Vie, la Vie en abondance !'
'Peut-être respecteront-ils mon Fils !'
Mais non ! Comme s'ils en étaient propriétaires, les responsables religieux d'Israël veulent garder pour eux la Vigne, le Projet de Dieu pour le
monde, avec tout le conservatisme rigoriste de la Loi et des sacrifices rituels du Temple, avec leur main-mise sur le Peuple et leurs privilèges.
'Et ils se saisiront de l'héritier, ils le jetteront hors de la Vigne et ils le tueront'.
Les premiers chrétiens comprendront la destruction - en l'an 70- du Temple et
de la Ville Sainte, comme un signe de Dieu : l'Israël du refus est périmé !:
les chefs religieux du Peuple des premières Alliances ont empêché l'aboutissement de sa vocation d'Avenir dans le Fils bien-aimé !
'Le Royaume de Dieu leur sera enlevé ; la Vigne sera confiée à d'autres vignerons
qui en remettront les fruits en temps voulu'
Désormais, c'est à un petit surgeon d'Israël, l'Israël selon l'Esprit,
l'Eglise selon le cœur de Dieu, à nous aussi, qu'est confié le grand Projet de l'Amour de Dieu pour le monde .
Mais l'Eglise elle-même, au cours de son histoire, a-t-elle rendu
au 'Maître de la Vigne' toute la récolte qu'Il en attendait ?
Elle a gardé vivante la Parole de Dieu, transmis la Vie dans ses sacrements,
produit de grands saints, et des saints du quotidien, elle a envoyé des missionnaires de l'évangile vers tous les peuples,
elle a marqué notre culture de beauté, du sens de la dignité du plus petit,
mais elle a aussi parfois manqué à sa mission
et jusqu'en ses premiers responsables produit les fruits pourris du péché.
Sans cesse, des 'prophètes' et aussi des papes, des conciles, vont l'appeler
à se convertir, à se réformer...
Nous-mêmes, vous et moi, répondons-nous à le confiance du Maître de la vigne ?
sommes-nous assez engagés dans la transmission autour de nous de la Vie reçue ?
notre paroisse est-elle assez signifiante de l'évangile,
de sa Miséricorde pour tous ?
Heureusement, nous sommes sûrs que Dieu a tant aimé le monde, et nous avec ! :
en nous confiant sa Vigne, il nous assure le soleil d'un amour irrévocable,
de la douce sève de l'Esprit.
Nous pouvons bien rendre grâces pour tout cela dans cette Eucharistie
Et l'an prochain, notre Vigne rendra à Dieu des fruits encore meilleurs,
nous t'en prions, Seigneur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire