171015 Homélie à N-D d’Espérance par Jacques Bihin, Diacre
Parabole des invités indignes
Libres pour toujours
La parabole que nous propose la liturgie de ce dimanche, est assez connue, et son interprétation est aisée.
A l’époque où sont rédigés les évangiles, les chrétiens sont en proie à une violente persécution - non pas de la part de l’occupant romain - mais des autorités juives qui considèrent les premiers chrétiens comme des hérétiques.
La parabole décrit comment les invités initiaux, c’est-à-dire le peuple juif, vont refuser de répondre à l’invitation, et comment le roi va venger cette humiliation en détruisant leurs villes. C’est exactement ce qui va advenir au peuple juif qui sera maté par l’occupant romain qui va détruire leurs villes à commencer par le temple de Jérusalem en l’an 70 de notre ère.
C’est alors, que - dans notre parabole - le roi décide d’inviter n’importe qui d’autre, - c’est à dire des non-juifs - à la noce. Tout finirait bien, si ce n’est qu’à la fin, le roi remarque que l’un des invités n’a pas de robe blanche - symbole du baptême - et le fait jeter dehors en le maudissant.
L’enjeu de cette parabole, c’est le salut. C’est de savoir qui sera accueilli au paradis, et qui en sera éventuellement exclu.
On peut donc l’interpréter au premier degré comme suit : Les juifs de l’époque ont refusé de reconnaître Jésus comme le messie d’Israël, beaucoup de non-juifs se sont convertis au Christ, ils deviennent les nouveaux héritiers, pourvu qu’ils aient été baptisés.
Mais, deux mille ans plus tard, aujourd’hui, qu’en est t-il de cette espérance du salut, et des conditions pour participer à cette noce éternelle ?
Il y a deux positions extrêmes dans lesquelles il ne faut pas tomber : La première c’est la menace et le chantage.
C’est vouloir utiliser la peur pour obliger à la repentance. C’est de vouloir forcer la conversion en menaçant des pires souffrances.
Il suffit de voir les représentations de l'enfer, ou de lire quelques sermons du moyen-âge pour se rendre compte que, hélas, cette doctrine a été abondamment utilisée dans l’église.
Le problème de cette présentation est simple, ce n’est plus l’annonce d’une bonne nouvelle. C’est plutôt une sorte de chantage psychologico-religieux malsain et avilissant, car le salut que nous offre notre créateur est un acte d’amour qui exclut donc la contrainte. Ce salut n’est conditionné à aucune exigence morale préalable. Jésus le dit explicitement, il n’est pas venu pour les bien portants, mais pour les pécheurs. Dans la parabole, les serviteurs invitent les bons comme les méchants.
Vous avez certainement, comme moi, déjà eu l’occasion d’entendre l’argumentation des témoins de jéhovah, leur discours n’est que menaces, chantages et prophéties apocalyptiques. L’annonce de la bonne nouvelle du Christ n’a rien à voir avec ces discours vengeurs qui tentent d'utiliser nos peurs pour mieux nous soumettre.
Mais il y a aussi l’autre position extrême qui est tout autant néfaste. C’est le relativisme poussé jusqu’à la désinvolture.
C’est la position qui consiste à dire qu’il n'y a pas d'enjeux pour notre salut, que nous irons - de toute façon - TOUS au paradis, enfin si il existe.
Et bien la parabole de ce jour nous met en garde - fort à propos - contre cette posture relativiste. Certes le salut est offert à tous, mais il n’est imposé à personne. Dieu nous veut profondément libres, et cette liberté sera respectée jusque dans notre vie éternelle. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, certains pourraient préférer s’isoler en refusant l’invitation à la vie que Dieu nous fait.
Comme dans la parabole, les invités initiaux ont préféré décliner l’invitation à venir à la noce. Nous sommes nous-mêmes témoins, dans notre entourage, dans notre société, du tiraillement entre l’égoïsme et le partage, entre le replis sur soi, et la communion avec Dieu et notre prochain.
Pour reprendre une expression bien connue de la bible, beaucoup aujourd’hui échangent leur droit d'aînesse pour un plat de lentilles.
Cette parabole nous apprend donc que l’enjeu de notre salut se trouve essentiellement dans le désir secret de notre coeur. Dieu nous offrira toujours son salut, mais nous resterons toujours libres.
Ce salut, cette noce est à l’image de notre eucharistie. Tous, nous y sommes invités, tous nous sommes libres d’y participer, et c’est notre joie aujourd’hui de pouvoir rendre grâce à notre Dieu pour cette bonne nouvelle.
Le Seigneur invite toute l’humanité, les dignes comme les indignes à venir partager la vie nouvelle, dont notre vie présente, n’est qu’un prémice imparfait et limité.
Vivement qu’advienne ce temps où, comme le dit le prophète Isaïe dans la première lecture :
il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations.
Il fera disparaître la mort pour toujours.
Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages,
Amen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire