Homélie de Noël 2015

POURQUOI LA FETE DE NOEL NOUS TOUCHE -T-ELLE LE CŒUR PLUS QUE TOUTE AUTRE MÊME CHEZ TANT DE PERSONNES QUI SE DISENT ETRANGERES A LA FOI ? (Homélie de Noël 2015 par Raymond T.- curé)

-        Pour certains parmi nous, c’est l’unique occasion de l’année (hormis les mariages et les funérailles) où ils rejoignent une église : est-ce seulement pour faire mémoire des racines chrétiennes à leur enfance ? C’est mieux que rien ! Chacun  est dans sa maison ici.

-        Les petits enfants eux, à leur niveau  sont d’emblée en phase avec l’événement de la crèche. Ils sont encore capables de s’émerveiller !

-        Mais nous-mêmes, sommes nous assez conscients de ce que signifie réellement ce que nous célébrons ce soir/ ce matin ?

Qui pouvait imaginer cela ?

Dieu l’inaccessible, le Tout Autre : ce tout fragile nouveau-né !

Subversion de tout ce qu’on croyait savoir du Tout-Puissant/ tout ce beaucoup croient encore savoir sur Yahvé ou Allah quel que soit le nom qu’on lui donne

Ce Tout-Puissant qui de l’explosion du big-bang déploie l’univers illimité des galaxies et qui le programme de quelques lois qui assurent la viabilité, la beauté du cosmos et qui permettront l’éclosion de la vie et sur notre planète, au terme d’une évolution (encore inachevée) l’émergence (improbable) de l’être humain …

Qui est-il donc celui-là ? Quelle est la toute-puissance qu’il déploie ainsi ?

Qui est-il celui-là qui éveille en cette humanité naissante un certain sens du Divin et de l’au-delà, et qui appelle un petit clan (les Hébreux)  à grandir dans la découverte progressive de son mystère personnel et dans l’adoration à la fois aimante et craintive du Dieu unique et Tout-Puissant ?

Mais quelle est cette Toute-puissance ?

Les prophètes d’Israël pourront y déceler des accents de miséricorde, de tendresse, pour le peuple de son choix et même l’ouvrir à un avenir d’universalité.

Yahvé demeure Celui qui peut tout, l’Inaccessible qu’on ne peut voir et survivre : le Juge de toute justice

A travers les épreuves très lourdes de ce peuple,

ces inspirés éveilleront l’espérance d’un Envoyé de Dieu, un Messie libérateur. Mais ce sera presque toujours un Messie de puissance qui écrasera les ennemis d’Israël et en fera le Centre d’un monde réconcilié.

Et voici Bethléem !

Le plus grand Evénement de l’histoire humaine (passé inaperçu des grands de ce monde)

L’Envoyé de Dieu ? Cet Autre-en lui-même

Le Fils de Dieu comme on dit. Cette parole Unique qui se reçoit de Dieu, qui seule connaît Dieu et qui en sa personne en exprime tout le mystère…

Or, le voici tout dépendant/tout fragile nouveau-né dans les bras de sa Maman

Qui de sa main doit soutenir sa petite tête,

Qui de sein doit le nourrir,

Et qui va le déposer sur le foin d’une mangeoire d’animaux

L’inattendu de Dieu ! Il entre réellement dans notre condition d’homme si limitée/dans l’histoire de notre humanité si violente.

Incognito : Il a franchi nos frontières en clandestinité comme tant d’autres aujourd’hui : pas de place pour l’accueillir !

Avons-nous remarqué la sobriété du récit-même de cette naissance ?

«  Marie met au monde son fils ; Elle l’emmaillota et Le coucha dans une mangeoire » c’est tout !

 Oui, après coup, interviendront les anges, les bergers, comme pour faire éclater la joie de l’Eglise dans le Gloria.

Mais d’abord, comme une retenue,  « bouche bée » devant l’immensité de ce mystère du Verbe fait chair, de Dieu fait l’un de nous en Jésus.

D’abord contempler s’étonner

Faire silence pour écouter la Parole que Dieu nous dit là…/ et comme Marie le garder dans son cœur

Qu’est-ce que Dieu veut nous dire à travers l’humilité/ le provoquant dénuement de ce nouveau-né ?

Cette Parole de Dieu n’est-ce pas celle que Saint Luc nous explicitera dans la parole du Père de tendresse (Le signe de l’année de la miséricorde) ?

En ce tout petit Jésus, que de pauvres bergers seront les premiers à reconnaître,

comme en ce Jeune Crucifié de Golgotha … qui pardonne même à ses bourreaux,

n’est-ce pas la véritable toute puissance de Dieu qui nous est révélée ?

La Toute-puissance de cet Amour qui est le fond  de son Etre.

Dieu qui n’est qu’Amour/ Don de soi, ne sait qu’aimer, aimer sans réserve !

pouvait-il nous sauver de notre mal-être profond/ de loin du haut d’une Toute-puissance qui s’imposerait à notre liberté ?

Je crois que Dieu ne voulait et ne pouvait libérer notre humanité blessée à mort par notre mal, que de l’intérieur, par la seule force de son amour offert à notre accueil ;

en entrant dans notre condition d’homme au plein risque de l’Amour quoi qu’il en coûte …« la croix »

En lui, Jésus, de fait, Dieu court vers l’enfant prodigue que nous sommes

Il nous serre en ses bras de Tendresse, vous et moi aussi

Il nous rend à notre dignité filiale et à notre vocation d’être frères et sœurs les uns pour les autres.

Cet Amour là est vraiment tout-puissant et il aura le dernier mot de l’histoire et de notre histoire.

 En raison de cette toute puissance qui nous atteint dès Bethléem, peut émerger en nous aussi, plus haute que nos épreuves, nos inquiétudes la douce joie de Noël, l’action de grâce de l’Eglise toute entière que nous allons vivre dans l’Eucharistie … dans chaque Eucharistie.