lundi 20 février 2017

Homélie du 19 février 2017   à partir de l'évangile de S.Matthieu 5, 38-48   (7ème dim.A )

Là, Jésus, tu dépasses le bornes !
Pour nous appeler à 'l'extra-ordinaire', tu n'as pas ton pareil ! mais « être parfaits comme Dieu...  »?

Déjà, qui es-tu donc pour oser t'en prendre à la Parole  biblique de Yahvé ?:
« Vous avez appris qu'il a été dit... »ou « On vous a dit » : il s'agit bien des commandements de Dieu, reçus dans la Loi de Moïse ! « Eh bien, moi, je vous dis... ».
Les prophètes se contentaient de transmettre le message de Yahvé : « Ainsi parle le Seigneur... ».
Pour parler -sans complexe- comme tu le fais, il faut être fou...ou être 'de Dieu' même.

Et de fait, ce qui suit, surpasse toute sagesse humaine : c'est proprement 'divin' !:
Nous sommes invités à « surpasser (qualitativement) la justice (la sainteté morale) même des scribes et des pharisiens, ces puristes de la Loi » :
que nous proposent les six antithèses qui suivent ? Et notamment les deux dernières que nous venons d'entendre ?
Il s'agit toujours « d'accomplir la Loi » : de l'achever et de la vivre dans la pleine envergure à laquelle elle était destinée.
Comment ?  En deux directions :
1° en orientant nos comportements vers un plus grand amour  pour les autres ;
2° en les enracinant dans notre cœur, dans notre conscience,  ou pour mieux dire : en unifiant nos intentions, nos paroles, notre agir dans la cohérence d'un amour plus authentique.

-Ainsi, « œil pour œil, dent pour dent » : la Loi biblique du talion constituait déjà un progrès à l'époque (et aujourd'hui?) pour casser la spirale de la violence, de la 'vendetta'.
« Eh bien ! Moi, je vous dis  » : et nous voici appelés à la non-violence, à « ne pas riposter au méchant », à ne pas nous venger du tout !
Et même,  avec des exemples extrêmes, à désarmer la violence par une générosité déraisonnable : « Si quelqu'un te frappe sur la joue droite..., si quelqu'un veut te prendre ta tunique..., Si quelqu'un te réquisitionne pour faire 1000 pas... »,
c'est ce que Jésus subira en sa Passion, sans résister !
Même, comme homme, il a le droit de nous provoquer à cet amour de non-violence !

Il reste que dans la même logique de l'amour, il faudra parfois « résister au méchant »,
-surtout quand il fait un  mal injuste à un autre, un plus faible ;
-en conscience, il faut combattre un pouvoir injuste, oppresseur, si possible avec une violence proportionnée ;  mais là encore, ne pas laisser l'esprit de vengeance, de haine habiter notre cœur : ce serait encore une victoire du Mal !
Jésus nous presse de vaincre le mal par un plus grand amour.

-Et ça culmine dans la dernière antithèse :
« Vous avez appris qu'il  a été dit : « Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi »
Si la haine de l'ennemi ne se trouve pas prescrit explicitement dans la Loi de Moïse,
certains psaumes appellent à une mentalité de 'djihad' : (Ps 139) : « Tes ennemis, Seigneur, je les hais d'une haine parfaite : extermine-les ! »
« Eh bien ! Moi, je vous dis:Aimez vos ennemis ! Priez pour ceux qui vous persécutent ! »

Mais enfin quel est le 'pourquoi' de ces appels à l'impossible ?
« afin d'être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux »  qui Lui aime chaque personne : « il fait lever son soleil et pleuvoir sur le jardin des Carmélites comme sur celui d leur voisin 'qui bouffe du curé' ».

La clé de toutes ces directives de Jésus, : nous avons un Père qui est l'Amour-même en toute sa Perfection,
                                                                       qui est Miséricorde -traduit s.Luc- en toute son envergure.

Or, nous nous attachons dans la foi à ce Jésus, Toute-Présence, Transparence de ce Père-là et par notre Baptême, nous sommes effectivement devenus ses filles et ses fils par grâce,
nous portons en notre cœur, au tréfonds de notre personne, l'Esprit filial, tout le dynamisme de l'amour en Dieu.
Dès lors, le Seigneur Jésus peut nous dire : « Aimez sans restriction et sans frontière comme, et puisque Dieu vous aime ainsi !»

La morale de l'évangile -oui!- 'elle dépasse les bornes !': elle propose à notre intention et à notre agir un horizon proprement 'divin', jamais atteint ici-bas : c'est une morale de l'appel et ses directives concrètes sont plutôt des repères pour notre chemin ; mais sur ce chemin, toi, Jésus, tu nous invites à nous avancer à ta suite, humblement,

à  progresser -dans la force de ton Esprit- vers cet Amour que Dieu  est en sa Perfection et que déjà tu nous rends présent-  particulièrement en l' Eucharistie  que nous allons vivre.                                                      Raymond

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