Homélie du 14ème dimanche A 2017
à partir de l’évangile selon S. Matthieu 11, 25 s.
« Venez à moi, vous qui peinez sous le poids du fardeau… »
Quel est celle ou celui d’entre nous
qui n’a pas un fardeau à porter ? un deuil, des engagements parfois trop lourds,
une culpabilité, une déception familiale, une maladie, un échec…
Jésus sait ce que c’est ! à
quelque versets de notre évangile,
-Jean le Baptiste de sa prison lui
fait connaître ses doutes,
-les responsables religieux –scribes
et pharisiens- le rejettent déjà,
-les riches cités des bords du Lac
de Galilée se sont fermées à son message et aux signes de vie qu’il y a faits,
Et ses disciples sont découragés.
C’est dans ce climat pesant que
Jésus, ‘doux et humble de cœur’ les
réconforte
et qu’il adresse à Dieu une vibrante
action de grâce :
« sous la mouvance de l’Esprit –précise S.Luc- il tressaille de joie ».
Quel est donc le
secret de Jésus ?
« Père… Seigneur du ciel et de la terre,
je proclame ta louange… »
‘Père’ : 5 fois
ce nom revient dans sa prière ; « Abba » :
un mot de tendresse filiale adressé à
Yahvé ‘Seigneur du ciel et de la terre’, Celui
dont en Israël dans la craints de l’adoration, on n’ose mêm pas prononcer le
Nom…
Et Jésus, lui,
affirme avec une tranquille assurance :
« Tout m’a été confié par toi, Père, et
je suis seul à te connaître (Toi le Dieu trois fois Saint) »
« Connaître »
dans le langage biblique ne signifie pas « Oui ! je te connais, je
t’ai déjà vu quelque part ! »
Cela signifie une
relation de profonde intimité comme celle que peuvent avoir l’un envers l’autre
des époux très unis.
« Et toi seul, tu me connais » (Tu
vis avec moi une intime relation qui m’atteint jusqu’au tréfonds de mon être).
Prétention
insoutenable !
Car ce Jésus, on l’a
vu avoir faim, avoir soif, être fatigué…
On l’a vu allumer un
feu sur la berge du lac…
On l’a vu manger du
pain et des olives… et dormir à la belle étoile au milieu de ses amis…
Le Mystère de Jésus ?
Jusqu’en son
humanité si humainement nôtre, au cœur même des déceptions, il peut tressaillir
de joie : il se sait aimé sans réserve « connu » reconnu par Dieu.
Il est « le Fils bien aimé en qui le Père a
mis tout son amour » et l’essentiel
de sa mission est là :
Il est seul à
pouvoir nous dévoiler à quel point Dieu est Père et rendre accessible à
tous cette relation de vie filiale qui le fait exister, lui, pleinement. Il accomplit cette révélation
au plein risque de l’amour, par sa Parole, son agir, et dans le Don total qu’il
fera de lui-même jusque dans la mort d’un crucifié.
Or, le mystère d’un
si grand amour n’est accessible qu’à ceux qui ne sont
pas « sages et savants » , suffisants, pleins d’eux-mêmes, enfermés dans leur
« savoir » sur Dieu (on ne
remplit pas une coupe déjà pleine).
Connaître Dieu ne relève pas de la seule raison, ni même de formules dogmatiques, mais de
l’intelligence du cœur et d’une certaine affinité de vie avec Jésus.
Seuls les petits, ceux
qui ont un « cœur de pauvre »
désencombré, qui ont faim de Dieu et comptent sur lui peuvent accéder à la
connaissance de Jésus et du Père.
Devant ce Jésus au cœur
doux et humble et ce Dieu de Tendresse qu’il nous rend si accessible, nous
pouvons « déposer tout ce qui nous pèse » et
nous aussi tressaillir de joie : chacun , chacune, nous sommes connus, aimés
tels que nous sommes.
-
Nous
ne sommes plus sous la lourde emprise de nos misères ou de la loi extérieure
des scribes et pharisiens. Nous sommes, comme l’écrit St Paul « sous la mouvance de
l’Esprit qui habite en nous » filles et
fils de Dieu par grâce. et même si l’évangile de l’amour nous paraît
exigeant, c’est dans la liberté, la légèreté de l’Esprit que nous pouvons progresser
sur le chemin de Jésus, le chemin des béatitudes, « de la connaissance du
Père »
« Seigneur Jésus, fais-nous
devenir ce que déjà nous sommes. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire