Homélie de Noël 2017
Devant la crècche -à l'église ou à la maison- de petits enfants s'émerveillent ;
certains adultes aussi quand ils pressentent la profondeur abyssale de ce qui y est évoqué.
Et ils ont bien raison de s'émerveiller !
L'avez-vous remarqué ? Le récit évangélique de la naissance de Jésus est lui-même d'une étonnante sobriété !
-un moment de l'histoire:Quirinius, gouverneur de la Province romaine de Syrie ; un recensement. ;
-unlieu : Bethléem, une étable ;
et l'Evénement lui-même : »Marie accouche d'un premier-né, elle le lange, et le couche dans une mangeoire » . C'est tout !
Là, pas une parole, aucun signe venu d'ailleurs !
Rien de folklorique : des faits !
Ce dépouillement intentionnel du récit ne nous invite-t-il pas au silence d'un étonnement ?
Ne nous convie-t-il pas à nous ouvrir à une Réalité qui nous dépasse ? Au Mystère caché, là dans ce tout petit de la crèche ?
« Marie, elle, retenait ces événements et les méditait dans son cœur »
Bien sûr! avec les bergers et les mages, le ciel lui-même est mis à contrribution : il fallait que les invités auprès du petit roi juif
soient convoqués ! Et chacun dans son champ d'attention ;
-les bergers, ces veilleurs, à l'écoute de la nuit, entendront un chant venu d'en haut.
Ils représentent l'Israël du coeur : les pauvres, les exclus du culte officiel, les pécheurs,
ceux qui se savent petits devant Dieu.
Ils seront les premiers à être accueillis auprès du Bon Berger d'Israël, et en harmonie avec le choeur des anges, ils
pourront -comme nous avec le chorale- chanter la Merveille : la Miséricorde qui les a atteints.
-les mages, ces observateurs du ciel, sur le signe d'une étoile nouvelle (une super nova?) vont -comme Abraham, dans
la foi- se mettre en route : ils pourront reconnaître -tout heureux- en cet enfant de Bethléem Celui qu'ils cherchaient
dans la nuiit, et avec les trésors de leur culture, ils adoreront le Seigneur de tous les univers.
Ils représentent les non-juifs, nous, les païens, et ceux qui cherchent Dieu. Ceux qui après la Pentecôte vont rejoindre
nombreux l'Eglise de Jésus.
Les grands absents ? Les responsables politiques et religieux d'Israël : trop installés dans leurs privilèges, leur savoir sur Dieu,
leur suffisance... pour se déplacer vers l'Enfant, et adorer leur Messie !
Pourvu que nous ne leur ressemblions pas, nous qui hésitons souvent à nous déplacer vers Lui !
Mais dans la réponse de ces trois groupes à l'Evénement de Bethléem, n'avons-nous pas reconnu l'annonce de ce qui va suivre?:
-la mission de Jésus, la manifestation de la Miséricorde aux plus petits, aux plus blessés de la vie et déjà à certains non juifs
plus ouverts à la foi ?
-et aussi, le rejet qui aboutira à la croix ?
Plus profondément encore, nous pourrions -avec Marie dans un silence de contemplation- découvrir l'insondable Grandeur du
Mystère de l'Amour de Dieu qui commence à se dévoiler là dans ce Tout-petit de la crèche .
« On ne voit bien qu'avec le cœur : l'Essentiel est invisible !» (de Saint-Exupéry)
Avec l'évangile de S.Jean, nous reconnaîtrons alors l'Essentiel invisible :
en ce petit Jésus, « le Verbe s'est fait chair » : la vivante Parole qui dit Tout de Dieu, s'est faite chair de notre chair.
Dieu nous a rejoints à hauteur d'homme, à hauteur du plus petit, de vos enfants , de vos petits enfants.
De la crèche à la croix, en Jésus, Dieu a voulu être totalement solidaire de nous, de vous, de moi !
du plus fragile d'entre nous, du plus perdu, du plus rejeté ! Que personne ne se croie exclu ! Personne !
D'où vient cette Passion d'amour pour nous ?
« Dieu est Amour », insiste saint Jean ( 1ère Lettre de Jean 4, 8 et 16) : 'AGAPE' (un mot quasi neuf) pour dire la gratuité de l'amour, la générosité du don de soi, au-delà de tout ce que nous pouvons penser.
Dieu qui n'est qu'Amour -est donc entré en la Personne de Jésus, réellement, à perte d'être, dans notre lignée humaine pour la sauver de tout près, de l'intérieur et par la seule force de l'amour offert à notre liberté, à notre 'oui', à notre 'non', à notre indifférence ...l'Amour immense que Dieu est, s'est fait chair, exposé à notre Mal, au plein risque de nos rejets, de Bethléem à
l'horreur d'une mort de crucifié ! Mais pour nous introduire -au nom-même de cette solidarité assumée- dans la plénitude
d'Être et d'amour pour laquelle d'ailleurs, dès les origines, Dieu nous a voulu 'à son image et ressemblance'.
Oui ! Telle est notre vocation, à vous et à moi.
Alors comment ne pas nous émerveiller -avec Marie- en méditant devant la crèche ?
Comment ne pas nous reconnaître tout-petits devant l'engagemnt de Dieu en Jésus ?
Comment ne pas chercher à aimer -nous aussi- 'en actes et en vérité' sans calcul?
Comment ne pas adorer et rendre grâces dans la joie ?
C'est ce que nous ferons dans cette Eucharistie.
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